La Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC) et l’épreuve de la gouvernance.
Disposant de nombreuses richesses naturelles, le continent africain joue depuis des siècles, le lieu d’illustration d’une rivalité entre grandes nations dans le cadre de la lutte pour la sécurisation des approvisionnements de ces dernières. Ainsi, outre les partenaires historiques que sont les pays colonisateurs dont les relations avec leurs anciennes colonies se sont développées dans une logique d’interdépendance, d’autres pays se sont invités dans cette course à la quête des matières premières africaines, et développent à cet effet, une intense diplomatie commerciale avec plusieurs pays africains. De ces nouveaux partenaires, les trois principaux constituent la Turquie, la Russie et le Japon.
Même si la présence russe en Afrique n’est pas nouvelle (des relations entre l’Afrique et l’ex URSS dans le cadre de sa concurrence avec le monde occidental en Afrique) elle était toutefois en berne durant les premières périodes post-bipolarité. Au début du nouveau millénaire la coopération entre la Russie et l’Afrique entame une nouvelle ère avec les visites de Vladimir Poutine en Egypte en 2005 puis un an plus tard, en Afrique du Sud (avec lequel la Russie signera un accord commercial), et au Maroc. Depuis, la Russie a, dans la logique de la sécurisation de ses approvisionnements en ressources énergétiques (et donc de consolidation de ses ressources internes) et de ses prétentions diplomatiques, entamé une nouvelle ère de coopération avec l’Afrique.
Sur le plan commercial, il développe un partenariat avec le Congo en investissant dans les minerais de fer (le Congo dispose de près de 690 millions de tonnes de fer), les infrastructures routières et pétrolières. Avec le Royaume du Maroc, la Russie signe lors de la visite du Roi Mohamed VI à Moscou le 13 mars 2016, des accords économiques d’une valeur de plus de d’un milliard $. En Libye, elle efface une dette de 4, 5 milliards $ en 2008, contre une participation à l’exploitation des réserves de pétrole de ce pays.
Sur le plan diplomatique, participe aux efforts régionaux de sécurisation entreprises par l’Union Africaine, et s’est affirmée comme un partenaire stratégique dans le champ multilatéral, du continent.
Avec la Russie, le second partenaire émergeant du continent constitue la Turquie. En effet, animée des mêmes intentions que la Russie, ce pays a accru sa présence sur le continent africain depuis le début du millénaire. Ainsi, de 2003 à 2014, le nombre de représentations diplomatiques turques en Afrique est passé de 12 à 39. En sens inverse, 32 pays africains disposent d’une représentation diplomatique en Turquie. Comme pour le cas de la Russie, le partenariat entre la Turquie et le continent africain s’illustre dans les champs de l’économie et des enjeux diplomatiques du continent.
Dans le champ économique, le partenariat Turquie-Afrique consiste en amont, en l’élaboration d’une facilité dans l’octroi des visas pour les séjours commerciaux. La présence de la compagnie nationale turque de transport en commun, Turquis Airlines, constitue un atout important de cette stratégie en facilitant les échanges commerciaux avec l’Afrique. Ainsi, en d’année 2015, le bilan des échanges commerciaux entre la Turquie et l’Afrique se chiffre à 23,4 milliards$ contre 9,3 en 2007.
En dehors des investissements commerciaux, la Turquie se montre très actives en tant que partenaire de l’Afrique dans les grandes questions diplomatiques régionales telles que la résolution des conflits. Le président turc Recep Erdogan a ainsi joué le rôle de médiateur dans le conflit qui oppose la Somalie à la Somali land depuis 2015, après avoir contribué à une rupture de l’isolement diplomatique somalien en 2011 par une visite d’Etat. Depuis, la Turquie investit dans l’urgence et le développement de ce pays. En réponse à ces initiatives turques, l’Afrique lui apporte un soutien diplomatique dans la sphère multilatérale. En 2008, elle apporte sa voix à la candidature turque en tant que membre non permanent au conseil de sécurité et se montre régulièrement sensible aux préoccupations turques à l’ONU.
Le dernier pays intéressé par un partenariat avec l’Afrique est le Japon. Le 27 août 2016 à Nairobi au Kenya, s’est ouvert la sixième édition de la conférence de Tokyo pour le développement en Afrique (TICAD) à laquelle 32 chefs d’Etats africains prirent part. Cette conférence traduit la volonté du Japon de consolider son partenariat avec le continent. Ainsi, outre le champ économique pour lequel le Japon s’engage à augmenter d’ici 2018, ses investissements globaux sur le continent à 30 milliards de dollars dans les secteurs de l’énergie, des infrastructures et l’accroissement de la productivité des matières premières, les secteurs de la santé et du renforcement des capacités ont été abordés. Ainsi, dans le domaine de la santé, le premier ministre japonais Shinzo Abé s’est engagé à former 20.000 spécialistes des maladies tropicales et 500 millions de dollars seront injectés dans l’amélioration des systèmes de santé sur le continent. Pour le cas du renforcement des ressources humaines sur le continent, le programme ABE (African Business Education Initiative for Youth) permettra de former aux nouvelles techniques de management des jeunes leaders africains.