La Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC) et l’épreuve de la gouvernance.

Créée suite au plan d’action de Lagos en avril 1980 dans l’objectif global  de l’intégration économique en Afrique par le développement de ses sous-régions, la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC) regroupait  11 Etats de cette partie de l’Afrique que sont le Gabon, la Centrafrique, le Congo RDC, le Congo Brazza, le Burundi, le Cameroun, le Tchad, l’Angola, la Guinée équatoriale Sao Tomé et principe, le Rwanda. Comme la Communauté Economique Des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), elle étendra durant la fin de la décennie quatre-vingt-dix, ses prérogatives au domaine sécuritaire notamment dans la prévention et la gestion des multiples conflits et crises auxquels les pays membres, comme pour le reste du continent africain, font face. En 2000, elle se dote d’une architecture de paix et de sécurité, d’un conseil de paix et de sécurité, d’un conseil de défense et de sécurité et d’une force multinationale de l’Afrique centrale  avec des actions militaires et civiles calqués sur le modèle des forces de prévention et de gestion des crises de l’Union Africaine. Avec la mise en place de ces mécanismes, la CEEAC entendaient ainsi assumer son nouveau rôle de garant de la sécurité en Afrique centrale. La crise tchadienne qui constitua sa première mise à l’épreuve permit à l’organisation, à la faveur du sommet extraordinaire de Kinshasa, de décréter un déploiement de troupes sur place afin de contribuer avec les autres acteurs (la France et les troupes gouvernementales), de rétablir l’ordre territorial et constitutionnel du pays. Toutefois, depuis son action militaire au Tchad, la CEEAC peine à s’imposer en tant que principal détenteur sous- régional du monopole de la coercition contre les crises et conflits dans la zone. Ainsi, lors de la crise postélectorale au Burundi, elle s’est illustrée par son incapacité à imposer ses choix, se contentant d’engager une facilitation vaine, tout comme l’Union Africaine. Le dossier burundais sera ainsi transféré au conseil de sécurité des Nations unies qui y preste toujours. Pour le Cas de la crise congolaise, les initiatives de la CEEAC seront aussi insignifiantes et le dossier récupéré par le conseil de sécurité de l’Union Africaine qui peine toujours à imposer le respect de la constitution à Joseph Kabila. Enfin, le cas de la crise postélectorale gabonaise constitue la énième illustration de la faiblesse des marges de manœuvre de la CEEAC. En effet, contrairement à la tradition de la subsidiarité qui prévaut dans le cas des règlements des différends  sous régionaux  et régionaux, et qui suppose une initiative préalable de la CEEAC, on a assisté à un mutisme de sa part,  se contentant simplement d’appuyer la proposition de médiation de l’Union Africaine. Le président tchadien  Idriss Deby dont le pays est membre de l’organisation, a affirmé en tant que président en exercice de l’Union Africaine que l’organisation régionale, « dès que les conditions pour une visite seront établies » enverrait une délégation composée de personnalités de haut niveau afin de proposer les bons offices de l’Union Africaine.

L’un des grands enjeux de l’intégration en Afrique constitue la capacité des organisations sous- régionale à conquérir la légitimité due par les Etats membres ainsi que celle relative à la gouvernance supra nationale dans leurs espaces territoriaux.  Si dans la réalité cette prétention se heurte à des questions de souveraineté étatiques, on peut affirmer que les organisations tentent tant bien que mal, à initier des actions qui leur confèrent une légitimité. Toutefois, les situations diffèrent selon les organisations. Ainsi, alors que la CEDEAO parvient à imposer ses positions et à initier des actions dans sa zone d’administration (lors des crises en Côte d’Ivoire la CEDEAO qui s’était dite compétente mais faisant face à des pressions de l’Union Africaine, avait exigé et obtenu le respect du principe de subsidiarité. Pour le cas de la crise au Mali, elle avait également initié des actions pour le retour de l’ordre constitutionnel avant de faire face à ses limites dans le champ sécuritaire), la CEEAC quant à elle, peine à s’imposer en tant que première organisation sécuritaire légitime en Afrique centrale. Les crises gabonaise, congolaise et burundaise pour les résolutions desquelles les principaux acteurs sont l’ONU et la CEDEAO illustrent la dure mise à l’épreuve  dans la gouvernance de cette partie de l’Afrique pour l’organisation.

 

 

 

admin01-caardis

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