La Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC) et l’épreuve de la gouvernance.
LA REVUE DIPLOMATIQUE AFRICAINE 2018

L’année 2018 qui vient de s’achever aura été marquée sur la scène diplomatique africaine par l’émergence d’acteurs en tant que personnalités physiques ou morales marquantes. Qu’ils soient des acteurs étatiques ou non, ils auront marqué leur leadership, des actions en faveur de la sécurité régionale sur le continent. Parmi ces personnalités physiques, nous pouvons citer les plus illustres qui sont les présidents Paul KAGAME du Rwanda et Joseph KABILA de la République Démocratique du Congo (RDC), tandis que dans la catégorie personnalité morale, l’œuvre de la diplomatie de la Russie en Afrique retient l’attention.
Paul KAGAME : Sur le plan multilatéral, l’année 2018 fut une année d’illustration d’une diplomatie de puissance du Rwanda sous le leadership de son président Paul KAGAME. En effet, ce pays encensé depuis des années pour la modernisation de son administration et la bonne gouvernance qu’il prône tente depuis, d’exporter sa méthode sur la gouvernance régionale africaine. Ainsi, Paul KAGAME, lors du 31e sommet de l’Union Africaine tenue à Nouakchott, a, en sa qualité de président en exercice, donner une nouvelle impulsion à l’organisation en proposant une réforme qui devrait lui permettre d’être plus opérationnelle : modalités d’auto financement, réforme du conseil de paix et sécurité, responsabilisation des Etats contributoires[1]… En plus de cette réforme assurée sous son leadership, il aura réussi a imposer sa ministre des affaires étrangères, madame Louise Mushikiwabo à la tête de l’organisation internationale de la francophonie malgré plusieurs facteurs défavorables ( volonté du Canada de soutenir une reconduction de sa candidate Michelle Jean, réticence de la France due à une volonté antérieure du Rwanda de promouvoir l’anglais sur son territoire en tant que langue officielle). Sur le plan culturel, son pays, qui inspire par son modèle de développement axé sur les valeurs culturelles endogènes sera à l’honneur au FESPACO à Ouagadougou en février prochain.
Joseph KABILA :

Photo : www.jeuneafrique.com
Apres avoir affirmé au bout d’un suspens de deux ans, sa décision de respecter la constitution de son pays en ne la modifiant pas pour légitimer une nouvelle candidature à l’élection présidentielle, il s’illustrera en outre par son refus d’accepter l’aide occidentale pour l’organisation des élections présidentielles et législatives dans son pays. Même si on peut penser que sa décision est le résultat de multiples pressions des chancelleries occidentales, de la société civile congolaise et du conseil épiscopal, il n’en demeure pas moins que cela a permis un changement d’ordre politique pacifique qui, tout en honorant son pays et lui-même, fera école dans un continent africain en proie à des tentations de violation des ordres constitutionnels. Enfin, sa seconde décision quant à elle, permet de mettre en lumière le fait que le renforcement de l’indépendance structurelle n’est pas une utopie en Afrique.
La RUSSIE

Sans
doute pour des enjeux géopolitiques et économiques, la Russie sous l’impulsion
de son président, entreprend depuis quelques années déjà, une diplomatie discrète
mais efficace en Afrique basée sur la sécurité internationale et l’économie.
L’année 2018 a vu l’influence russe s’accroitre sur le continent au même titre
que d’autres nouveaux partenaires du continent que sont la Turquie et
l’Allemagne. En effet, sur le plan bilatéral, 2018 aura vu la Russie accentuer
sa coopération avec l’Afrique. Cette
coopération se situe principalement dans le champ de la défense dans lequel le
pays fournit du matériel militaire et entreprend une coopération militaire
(notamment avec des pays comme l’Algérie, l’Angola, le Burkina-Faso, le
Cameroun, la Centrafrique, le Congo, la Guinée Equatoriale, le Ghana, le Mali,
le Nigeria, le Soudan et le Soudan du Sud). Comme toutes les autres puissances
mondiales, la Russie est également intéressée par les ressources naturelles du
continent nécessaires au soutien de la production dans son secteur industriel
(manganèse, bauxite, diamants…), et aux secteurs à forte croissance sur le
continent : télécommunications, ouvrages hydro-électriques, chemin de fer.
A cela s’ajoute une politique persuasive qui a consisté à supprimer en mars
2018, une dette de 20 milliards $ de dette contractée par des pays africains.
Le champ multilatéral n’échappe pas à cette stratégie russe sur le continent au
cours de cette année 2018. En effet, elle a accru son influence structurelle en
s’intéressant à la sécurité régionale notamment en tant que médiateur de
conflit. Cela a été illustré en Centrafrique avec une surprenante mais stratégique
médiation de ce pays. On peut donc constater que depuis son retour sur le
continent, la Russie a entrepris progressivement, une stratégie diplomatique
qui fait d’elle l’un des acteurs majeurs au cours de l’année 2018.
[1] Voir pour plus d’informations sur ce sujet notre analyse : https://www.caardis.org/31eme-sommet-de-lunion-africaine-nouakchott-sommet-de-la-rupture